La transition du secondaire au collégial

Adulte

La transition est une étape importante, on comprend les parents qui s’inquiètent. Dans ce balado avec Isabelle Darveau, Conseillère pédagogique aux services adaptés aux Centres collégiaux de soutien à l’intégration (CCSI), nous tenterons de rendre cela le plus simple possible.

Cette présentation abordera les points suivants :

  1. Les encadrements et les balises de la vie collégiale;
  2. Les attentes du collégial face à l’étudiant;
  3. Le rôle des parents : ce que vous pouvez faire en amont pour aider votre jeune;
  4. Les démarches à entreprendre.

 


 

Cinq aspects seront importants à garder en tête pour une transition en douceur :

  • La préparation : une transition, ça se prépare;
  • La collaboration de tous les partis impliqués;
  • L’autonomie à développer, graduellement bien entendu;
  • L’apprivoisement d’un nouveau contexte d’apprentissage;
  • Sans discrimination ni privilège : on ne discrimine personne, mais on ne donne pas non plus d’avantage.

 


 

Les encadrements et les balises

Tout d’abord, il y a un changement de ministère : ce n’est plus le ministère de l’éducation, mais le ministère de l’enseignement supérieur.

Ensuite, les accommodements permis le sont en fonction de la Charte québécoise des droits et libertés, article 10 qui stipule qu’il ne peut y avoir de discrimination liée au handicap et au moyen pour palier à ce handicap.

Il y a une place pour tous au CEGEP : sans discrimination et sans privilège. Si l’étudiant démontre qu’il y a discrimination fondée sur son handicap (par exemple, je suis une personne aveugle, je ne peux lire un livre), il y aura un accommodement raisonnable (une adaptation) pour palier la situation de discrimination pour donner accès au livre. Autre exemple : un livre en format numérique dans le cas d’un trouble développemental de la lecture et de l’écriture. Donc, pour pouvoir choisir quelle mesure d’accommodement raisonnable sera mise en place, il doit y avoir un handicap et une discrimination liée à ce handicap.

Est-ce que le contexte dans lequel tu te retrouveras au CEGEP fera que tu seras en situation de discrimination? Les accommodements proposés seront en lien avec les compétences à développer dans le programme précis dans lequel se retrouvera l’étudiant. Pour chaque situation, il faudra analyser la personne dans le contexte où elle va évoluer. Avoir des difficultés, ça ne veut pas dire qu’il y a une discrimination ou un handicap. Ça ne veut pas dire qu’on n’offrira pas de soutien pour autant. De l’aide peut être offerte sous différentes formes, il y a beaucoup de services offerts au collégial. Il s’agit d’explorer quels sont les services offerts au collège en question.

Fait important : il n’y a pas de modification de programme, car cela aurait un impact sur les compétences à développer et donc sur la diplomation. Si des parties de programme sont retirées, les compétences ne seront pas développées. Souplesse et flexibilité, certes, mais pas de modification de programme.

 


 

 

Les attentes du collégial

À quoi s’attend-on des étudiants?

  • Présence et assiduité

Cela appartient à l’étudiant, il n’y a pas d’appel à la maison en cas d’absence.

  • Connaissance de soi

Être capable de parler de ses défis et des moyens qui peuvent aider. Pourquoi on utilise WordQ? Dans quels contextes? Est-ce que ça aide? C’est important que les jeunes puissent parler d’eux-mêmes, c’est ce qui permet aux gens des services adaptés de bien situer les zones où la situation de handicap se manifeste.

  • Autonomie

Comment stimuler l’organisation et la planification? Comment prendre ses courriels, prendre ses rendez-vous avec ses professeurs, retourner des appels au besoin? C’est aussi la gestion de son temps, de ses études et de ses travaux.

  • Collaboration

Aidez votre jeune à bien se faire comprendre. C’est un grand saut avec le secondaire, mais il faut leur céder la place tranquillement. Un cadeau pour la vie.

 


 

Le rôle des parents

  • Impliquer le jeune dès le secondaire

Les enfants sont pris en charge au primaire et même au secondaire, c’est notre job de parents. On doit alors prendre un pas de recul, puis un autre petit pas de recul. Ça n’est pas facile comme parent, mais c’est payant pour le jeune de pouvoir dire « je m’en occupe! ». Pour en arriver à vivre ce petit bonheur comme parent, il serait souhaitable de les amener à prendre une place lors des rencontres de plan d’intervention au secondaire. Le jeune devrait commencer à prendre la parole graduellement, en posant une question au début par exemple, pour s’habituer tranquillement à nommer ses défis et les moyens qu’il prend pour les surmonter et ce, dans ses propres mots. Il est présent, il participe, il est impliqué.

  • Accompagner le jeune dans la connaissance de soi

Quelles sont mes difficultés, comment je les surmonte? Quels sont mes défis et quelles sont mes forces? Il doit connaitre ses forces pour son estime de lui-même, mais aussi pour pouvoir miser sur ces forces. Quelles stratégies fonctionnent bien pour lui? Comprendre sa réalité, sa situation de handicap et les impacts que cela entraine. Ça lui sera utile pour le reste de sa vie.

  • Le soutenir dans ses démarches administratives

– Rappeler à son jeune les démarches à entamer, rappeler qu’il y a des services et des personnes-ressources.

– Être présent, pour guider, sans le faire à sa place, même si c’est difficile. On accompagne un peu plus au début, mais on prend un petit pas de recul papa et maman! « Je crois que tu peux faire toi-même l’appel! ». Même chose pour les courriels, accompagnez-le, mais laissez-le l’écrire.

– Encourager le jeune à collaborer avec les gens des services adaptés, expliquez-lui que son implication est importante. Ils auront à collaborer avec différentes personnes tout au long de leur parcours.

Nourrir l’autonomie, à 18 ans, il est techniquement en charge à 100%. Il peut faire des choix sans vous en informer et nous ne vous appellerons pas. Il y a une petite porte qui se ferme, il doit nous autoriser à parler de certaines choses, car plusieurs sont confidentielles.

 


 

Démarches à entreprendre

On vient de déposer notre demande pour le premier tour, soit avant le 1er mars. (À noter que ce n’est pas grave si ça ne marche pas au premier tour, c’est pour ça qu’il y a un deuxième et un troisième tour.) La réponse arrive en début avril, s’il est accepté, il peut commencer à entreprendre ses démarches pour le suivi auprès des services adaptés.

Il ne serait pas utile de tenter d’entreprendre des démarches avant d’avoir été accepté. Par exemple, d’appeler pour connaitre quelles sont les mesures offertes, ils ne pourront vous répondre précisément, car ça dépend de la personne, du programme, ça dépend des cours, du programme, du nombre de cours, des stratégies. Il faut rencontrer l’étudiant.

À partir du moment où l’étudiant est admis, ses besoins seront analysés dans le contexte collégial pour savoir s’il y a des mesures d’accommodement qui peuvent être mises en place.

1. Prise de rendez-vous

L’étudiant doit prendre rendez-vous avec les services adaptés. Plusieurs appellations possibles : les services adaptés, le SAIDE (Service d’Aide à l’Intégration Des Étudiants) ou encore l’adaptation scolaire. Du côté anglophone : adaptive services, services center. Vous trouverez l’information sur le site web du collège pour prendre rendez-vous avec un conseiller ou une conseillère aux services adaptés et déposer la documentation.

Ces professionnels vont s’asseoir avec l’étudiant et regarder différents aspects de la situation pour mettre en place les accommodements. Ils peuvent vous donner rendez-vous en juin, en juillet ou en août. N’attendez pas avant de vous informer sur la procédure ou d’appeler pour prendre un rendez-vous. Pourquoi? Parce que plusieurs attendent au mois d’août pour faire une demande et les délais sont plus longs. Sur une session de 15 semaines, on ne souhaite pas que les accommodements soient mis en place après 5 semaines.

 


 

2. Première rencontre

La rencontre avec le conseiller en services adaptés va permettre d’analyser la situation de l’étudiant dans le contexte du collégial, qui est différent du secondaire, en fonction du programme. Un étudiant inscrit en soins infirmiers ou en sciences naturelles ou en éducation spécialisée, c’est différent, les compétences à développer sont différentes. L’impact de sa situation de handicap peut varier. Le nombre de cours aussi peut varier selon le contexte de l’étudiant. Y a-t-il des stages? Quelle pédagogie sera employée? Toutes ces variantes seront prises en compte.

On ne peut pas reconduire tel quel un plan d’intervention du secondaire. Ceci dit, le plan d’intervention est un document important, car c’est une photo de ce qui a été mis en place pour le jeune au secondaire. La situation doit être analysée à nouveau, dans le détail.

Le jeune se verra poser des questions spécifiques, précises. On va lui demander d’expliquer qui il est. On va demander au jeune, est-ce que c’est correct que le parent soit là? Ne soyez pas offusqués, on commence tranquillement à donner de la place à l’étudiant, c’est avec lui qu’on va travailler. C’est à lui qu’on s’adresse, c’est lui qui est en avant du train. On va vous demander de le laisser nous expliquer les choses.

Il est de la responsabilité de la personne étudiante qui demande des accommodements en lien avec une discrimination basée sur une situation d’un handicap de démontrer, avec votre aide au besoin, la présence de la discrimination et du handicap en apportant toute la documentation qui peut nous renseigner sur la situation. Ça peut être un plan d’intervention, les évaluations, des lettres d’orthopédagogues, tout, tout, tout. On a besoin de bien comprendre les limitations de la personne pour être capable de choisir, avec l’étudiant, le bon accommodement pour lui.

 


 

3. Propositions d’accompagnement

Ce qui peut être mis en place : des accommodements, des services, du tutorat, il faut être flexibles. Ça demande de l’investissement de la part de l’étudiant, qui accepte ou non, mais les accommodements jugés pertinents seront suggérés. C’est possible que certaines mesures que l’étudiant avait au secondaire soient reconduites parce que les besoins et le contexte sont similaires, mais d’autres mesures peuvent changer. Ne faites pas le saut. Certaines mesures sont nécessaires en philosophie, mais pas en éducation physique par exemple. Certains cours ne nécessitent aucune mesure particulière. Sans discrimination ni privilège. Ça peut sembler complexe, mais c’est du gros bon sens.

S’il n’y a pas de discrimination, on va lui demander la même chose que les autres. Oui, il y a du travail, oui, c’est stressant, oui, il y a des examens. Je ne peux pas t’enlever tout le stress lié aux études. Il y a un niveau d’anxiété normal, il faut apprendre à gérer les inconforts, ça nous rend plus fort et on est fier de ça. La fois d’après, l’inconfort est moins important et, à un moment donné, il n’y a plus d’inconfort, mais il faut quand même que je m’expose un peu. On ne peut pas protéger de tout inconfort.

 


 

4. Ajustements en cours de route

Si en cours de session ou en cours d’année la situation se dégrade, on peut ajuster les accommodements. Ça ne se passe pas bien? Va voir ta conseillère ou ton conseiller aux services adaptés. Va en parler. Si une mesure n’aide pas, on va interroger. Est-ce que tu la comprends bien? Pourquoi ça ne fonctionne pas? Un étudiant qui est malade, on peut adapter l’horaire, c’est surprenant ce qu’on est capable de faire. Ça prend des bonnes raisons, mais ça se fait!

 


 

Conclusion

C’est une grosse marche l’arrivée au collégial : nouveaux contenus, nouvelles façons de faire, beaucoup de profs, beaucoup d’heures de cours, beaucoup de travail, mais j’ai choisi d’être là.

Une partie des difficultés est compensée par la motivation que j’ai d’être là! Si ça m’intéresse profondément, ça ne rend pas ça plus facile, mais, plus intéressant! D’où l’importance que ce soit bien le choix de l’étudiant. Ils vont passer des heures à étudier et à essayer de comprendre et c’est correct. C’est une grosse marche, mais c’est une belle marche.